C'est acté
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
L’enjeu de la réunion de ce soir de la Réserve Fédérale américaine (Fed) n’est pas de savoir si l’ampleur de la hausse des taux sera de 75 points de base ou de 100 points de base (un temps anticipé par le marché monétaire). L’enjeu est de savoir quand la Fed va mettre un terme à son cycle de durcissement de la politique monétaire. La réponse du marché : en février 2023 (c’est à ce moment-là que le consensus des analystes prévoit une première baisse des taux). La réalité est évidemment plus complexe. Cela dépendra de l’évolution de l’activité économique (la première estimation du PIB au deuxième trimestre pourrait réserver une mauvaise surprise ce jeudi) et de la baisse de l’inflation (l’inflation sous-jacente baisse mais faiblement. En outre, nous pensons que la Fed sous-estime la boucle prix-salaire ce qui pourrait la conduire à durcir beaucoup plus les taux sur le court terme). Il est évidemment peu probable que la Fed donne des indications précises concernant le rythme d’appréciation des taux (et encore moins concernant la fin du cycle actuel). Le forward guidance (qui a permis de mieux anticiper les décisions de politique monétaire depuis 2008) a été jeté aux oubliettes en juin dernier lorsque la Fed a augmenté ses taux de 75 points de base alors que Jerome Powell avait martelé jusqu’au dernier moment plaidé pour une hausse de 50 points de base. Il va être de plus en plus difficile de croire sur parole les banquiers centraux. Cela signifie plus de volatilité et des marchés financiers plus erratiques, en général.
- L’économie américaine continue de ralentir. L’indice d’activité nationale de la Réserve Fédérale de Chicago (qui est suivi de près par les économistes en tant qu’indicateur avancé pour l’économie des Etats-Unis) a chuté à -0.19 en juin. L’estimation pour le mois de mai a été révisée à la baisse à -0.19. En outre, l’indice manufacturier de la Réserve Fédérale de Dallas a chuté lourdement en juillet, à -22.6 (le niveau le plus bas depuis mai 2020) contre -17.7 en juin. Les nouvelles commandes sont en baisse également à -9.2 (plus bas niveau depuis mai 2020) contre -7.3 en juin. Nous saurons jeudi si la croissance du PIB est négative au deuxième trimestre (attention, le chiffre du PIB est régulièrement révisé, pendant plusieurs années !).
- Les Etats membres de l’UE sont tombés d’accord sur la nécessité de réduire leur demande de gaz de 15% entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023. Chaque Etat est libre de mettre en place les mesures qu’il juge viables pour atteindre cet objectif. Plusieurs exemptions et possibilités de dérogation sont prévues : si un Etat membre n’est pas interconnecté aux réseaux de distribution de gaz d’autres Etats membres, si les réseaux électriques ne sont pas synchronisés avec le système électrique européen et s’ils ont des interconnexions limitées avec d’autres Etats membres (dérogation dans ce cas de figure). Pendant ce temps, les prix de l’énergie continuent de bondir : les contrats à terme sur le gaz au niveau européen ont atteint leur plus haut niveau depuis le 9 mars 2022 et le prix de l’électricité à livraison dans un an a atteint un record pour la France hier. L’hiver sera rude. Il va falloir se préparer à la sobriété énergétique.
- Les résultats d’entreprises sont nombreux demain : Microsoft, Meta, Bristol-Myers Squibb (secteur pharmaceutique aux Etats-Unis), Qualcomm, Equinor (pétrole et éolien en Norvège), GSK, ServiceNow (logiciels), Rio Tinto, Mondelez (agroalimentaire), Boeing, Airbus, 3M (conglomérat américain propriétaire de Scotch), Kering (ventes soutenues par les touristes en Europe, en particulier les Américains, favorisés par le dollar fort), Humana (assurances dans la santé aux Etats-Unis), Mercedes-Benz, Ford Motor, Kraft Heinz (agroalimentaire), BASF (chimie), Worldline (en ligne avec les objectifs, certainement), Saint Gobain (la demande pourrait être pénalisée par la hausse soutenue des prix des produits), Teleperformance (confirmation des objectifs annuels de marge opérationnelle, a priori) et Danone.
Il n’y a pas de statistiques majeures aujourd’hui.
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