Le pire n’est jamais certain
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Il faudra attendre encore quelques semaines avant de faire un premier bilan de la saison des résultats. Le moins qu’on puisse dire, alors que celle-ci ne fait que timidement débuté, c’est que ça aurait pu être pire. Les analystes de Wall Street s’attendent à une hausse des résultats à douze mois de 1,2%. Evidemment, c’est peu. Mais ça aurait pu être pire au regard du durcissement des conditions financières, de la récente crise bancaire et de l’indéniable ralentissement économique à l’œuvre. Les valeurs bancaires vont ouvrir le bal. Elles seront surveillées de près. Même s’il convient de garder à l’esprit qu’il y a assez peu de points communs entre une banque régionale américaine fortement exposée à l’immobilier commercial et un géant comme JPMorgan Chase. Ce dernier devrait annoncer un chiffre d’affaires net en hausse de 18% à près de 40 milliards de dollars. C’est honorable. On sera attentif à tout commentaire portant sur les conditions de financement, évidemment. Ce jeudi, le secteur aérien sera aussi à l’honneur avec Delta Airlines (pour avoir un aperçu de l’évolution du secteur du voyage d’affaires). Les analystes prévoient une croissance du chiffre d’affaires au premier trimestre de 28 % en variation annuelle. L’EBITDA est prévu en territoire positif après une perte de plus de 280 millions de dollars il y a un an de cela. Nous sommes évidemment loin de la période faste de la Covid. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ça tient. Et c’est une bonne nouvelle !
- C’est la période de réunion des grandes organisations internationales (Fonds Monétaire International et Banque Mondiale). La Banque mondiale a récemment revu à la hausse sa prévision de croissance mondiale légèrement au-dessus de 2% contre 1,7% en janvier. Mais elle a mis en garde contre le ralentissement économique qui devrait intervenir et a également souligné que beaucoup de pays en voie de développement ou émergents pourraient être mis en difficulté par la hausse du coût du capital. S’ajoute également le stress bancaire qui reste un sujet central et l’envolée des prix du baril de pétrole qui pourrait aussi poser quelques problèmes. A ce stade, le contexte macroéconomique est évidemment compliqué. Mais rien n’indique qu’une récession soit en train de se produire. Nous tablons plutôt sur une croissance molle.
- Le supercycle des matières premières est un thème fondamental pour les années à venir. C’est en particulier le cas pour le cuivre qui est essentiel pour l’électrification. Cela va toucher en particulier les secteurs suivants :(1)automobile,(2)transmission et distribution d’électricité et(3)production d’électricité.
Passons en revue la demande pour chaque secteur :
(1) Plus de véhicules électriques (VE) = plus de cuivre. Les VE nécessitent 2,5 fois plus de cuivre que les moteurs à combustion interne. Les blocs-batteries sont responsables de 90% de la demande en cuivre pour les gros véhicules (les 18 roues). Les stations de charge, les harnais, les condensateurs et les moteurs électriques nécessitent tous du cuivre.
(2) Presque tout le câblage électrique utilise du cuivre. Il représente 20% de la demande totale. Trois facteurs stimulent la demande : l’augmentation de la production d’électricité renouvelable, les infrastructures de soutien et le remplacement des lignes vieillissantes.
(3) L’électricité verte consomme 2 à 5 fois plus de cuivre que l’énergie à base de charbon ou de gaz naturel. L’éolien offshore est le plus gros consommateur de cuivre.
Récapitulatif :la demande de cuivre devrait augmenter sur la prochaine décennie d’environ 8% par an en raison de la grande électrification (avec une hausse qui va concerner prioritairement l’éolien offshore, le stockage sur batterie et les VE). Cela s’ajoute à la demande préexistante de cuivre.
Nous pourrions passer d’une demande totale de cuivre de 25 millions de tonnes en 2021 à 49 millions de tonnes d’ici 2035. L’accroissement de la demande va venir essentiellement de la Chine, de l’Inde, du Vietnam et du Mexique. Mais il y a un hic, c’est l’offre. Elle est insuffisante pour répondre à l’accroissement de la demande. Par conséquent, tout porte à croire que les pénuries en cuivre vont devenir la norme. C’est déjà arrivé par le passé (déficit d’approvisionnement au maximum de 2,5%). Mais les ordres de grandeur pour les années à venir sont désormais très différents. On estime qu’il pourrait manquer entre 4% voire 20% du cuivre pour répondre à la demande. On résume : la hausse du prix du cuivre est INÉVITABLE ; les pénuries sont INÉVITABLES.
C’est une séance chargée sur le front macroéconomique. La Banque du Canada se réunit (aucun changement de politique monétaire attendu). Aux Etats-Unis, le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve Fédérale américaine (Fed) devrait apporter quelques précisions concernant l’évolution du cycle de taux à court terme. Toutefois, on sait que plusieurs membres du FOMC se laissent le temps de juger du niveau de hausse à venir en fonction des indicateurs économiques. Cela tombe bien puisque la première estimation de l’indice des prix à la consommation au mois de juin est attendue cet après-midi (consensus à 6% sur un an – stable). Nous suivrons également de près l’évolution du crédit aux Etats-Unis qui va être un baromètre important dans les mois à venir pour connaître l’ampleur du ralentissement économique. Nous ne tablons toujours pas sur une récession, bien que nous reconnaissons que le risque se soit accru en l’espace d’un mois.
Les résultats d’entreprises commencent en douceur avec Aeon (entreprise japonaise à la fois dans la grande distribution et dans les services financiers).
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