Microéconomie

Microéconomie

Macro
CD
Christopher Dembik

Responsable de l'analyse macroéconomique

Cette semaine, l’économie passera en second plan. Ce seront les résultats d’entreprises qui pourraient potentiellement alimenter le rebond des bourses (avec près de la moitié des entreprises du CAC 40 qui vont publier cette semaine). C’est une bonne nouvelle. En effet, sur le front de l’économie, il n’y a qu’une accumulation de mauvaises statistiques (les PMI pour le mois d’octobre en zone euro en sont la preuve). Pour autant, nous doutons que le rebond boursier puisse être durable tant qu’il n’y a pas de pivot de la part des banques centrales. C’est ce qu’attendent les investisseurs depuis cet été. Mais à en juger par la tournure de l’inflation en zone euro et au Canada, nous doutons fortement que la Banque Centrale Européenne et la Banque du Canada puissent envoyer un message dovish aux marchés financiers. La sélectivité reste la meilleure approche en bourse. Au niveau des taux de change, la volatilité devrait encore rester très élevée. Les événements politiques (nouveau Premier ministre au Royaume-Uni) et l'intervention incessante des banques centrales (surtout la Banque du Japon) induisent des mouvements erratiques sur les principales monnaies.

  • Il y avait beaucoup de statistiques économiques hier. Les PMI pour la zone euro étaient un rappel douloureux que la récession est proche (ou déjà là). L’indice d’activité composite en octobre (version flash) pour l’Union s’est effondré à 47,1 contre 48,1 en septembre et une prévision à 47,6. En Asie, les chiffres portant sur les exportations en octobre sont mauvais dans l’ensemble. Les exportations sud-coréennes ont augmenté de seulement 2,7% sur un an tandis que celles de Taïwan se sont contractées de près de 5,3% sur la même période. Il y a une exception : le Japon. Les exportations ont bondi de 28,9% sur un an. C’est essentiellement lié à l’effondrement du yen (baisse de près de 30% face au dollar américain depuis le début de l’année). A ce sujet, la Banque du Japon (BoJ) a vraisemblablement mené une intervention sur les changes hier matin pour limiter la dépréciation du yen japonais. Nous restons convaincus que ce type d’intervention est voué à l’échec tant qu’il n’y a pas de coordination internationale (cela impliquerait que la Banque Centrale Européenne, la Banque d’Angleterre et la Réserve Fédérale américaine interviennent de concert). Les traders vont continuer d’attaquer la monnaie de l’archipel japonais. Nous n’excluons pas non plus que la BoJ soit contrainte d’intervenir sur le marché obligataire local (comme ce fut le cas la semaine dernière) pour défendre sa politique de contrôle de la courbe des taux. Les banques centrales sont activistes (mais parfois avec un succès mitigé).
  • Au niveau des marchés actions, le contexte devient de plus en plus compliqué chez Orpea (le cours a été suspendu en bourse par l’Autorité des Marchés Financiers hier). Le coût est déjà énorme pour les actionnaires (près de 6 milliards d’euros, ce qui équivaut à une chute de 80% en bourse depuis le début de l’année). Mais ce n’est qu’un début. Il semble de plus en plus évident que l’argent public (donc nos impôts) devraient être mobilisés pour sortir l’entreprise du gouffre. Les derniers documents financiers indiquent une dette autour de 9,5 milliards d’euros.  La baisse importante des marchés actions incite à trouver de nouvelles bonnes affaires. Si le contexte politique n’était pas aussi exécrable et incertain, ce serait tentant de revenir sur les marchés actions chinois. Le dollar américain est à des niveaux extrêmes, la politique zéro covid devrait bien finir un jour et les entreprises chinoises cotées en bourse sont fortement dévalorisées. Mais la politique chinoise limite la capacité de revenir sur ce marché (que ce soit pour des raisons purement financières ou pour des raisons liées à l’ESG). De notre point de vue, la bourse chinoise ne peut pas être un relais de croissance fiable dans un portefeuille d’investissement.
  • Les résultats d’entreprises continuent avec First Quantum Minerals (mines et métaux au Canada), Canadian National Railway (chemin de fer canadien), DSV (logistique au Danemark), UPM-Kymmene (produits forestiers et fabricant de papier), SAP (logiciels), HSBC, ASM International (semi-conducteurs), Norsk Hydro (recyclage de produits en aluminum), Novartis (groupe pharmaceutique suisse), UBS, Kuhne + Nagel (logistique et transport), Microsoft, Alphabet, Visa, Coca-Cola, Texas Instruments (semi-conducteurs), UPS, Raytheon Technologies (aérospatial et défense), General Electric, 3M (conglomérat), General Motors, Valero Energy (raffinage et distribution de produits pétroliers), Biogen (neurosciences), Enphase Energy (production et stockage d’énergie solaire) et Halliburton (services à l’industrie pétrolière et gazière).

Les banques centrales vont continuer d’être sur le devant de la scène. Ce mercredi, la Banque du Canada devrait augmenter son taux directeur de 75 points de base (nous avons ajusté nos attentes), à 4%, à la suite de la hausse inattendue de l’indice des prix à la consommation (IPC) en septembre. Ce jeudi, la Banque Centrale Européenne devrait durcir davantage sa politique monétaire (alors que l’inflation reste un sérieux casse-tête). Il n’y aura pas d’autre choix que d’envoyer un message « hawkish » aux marchés financiers (donc hausse de 75 points de base du taux directeur). D’autres hausses de taux devraient être signalées (au moins jusqu’en février 2023). Nous nous attendons également à ce que l’ampleur de la hausse des taux soit revue à la baisse dans les prochains mois (celle de décembre ne pourrait être que de 50 points de base). D’autres sujets de moindre importance pour la bourse devraient être évoqués cette semaine : 1) le début de la réduction du bilan de la banque centrale (qui rentre dans le cadre du processus de durcissement de la politique monétaire) et 2) incitations aux banques commerciales pour qu’elles remboursent en avance les sommes prêtées dans le cadre des opérations spéciales de refinancement à très bas coût. En revanche, il ne devrait pas y avoir d’effet réel sur le marché à ce stade.

 

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