On reprend son souffle
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
On reprend son souffle
A court terme, les éléments en termes de stabilité financière introduisent un niveau d’incertitude élevée sur les marchés et en particulier sur la trajectoire de la politique monétaire. La détente sur l’obligataire américain (avec par exemple une baisse de 20 points de base sur le deux ans) réduit la probabilité d’une hausse de taux de 50 points de base par la Réserve Fédérale lors de sa réunion des 22 et 23 mars prochain. Mais il faut reconnaître que beaucoup de choses peuvent se passer en l’espace de dix jours. Le calme pourrait revenir sur les marchés financiers. L’inflation pourrait de nouveau provoquer des sueurs froides. Des analystes considèrent que la première estimation de l’indice des prix à la consommation en février aux Etats-Unis qui va être publiée plus tard dans la journée est un non-évènement au regard des répercussions financières possibles de l’effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB). Ce n’est pas notre avis. Nous surveillerons de près le chiffre publié. La Réserve Fédérale de Cleveland publie une estimation en temps réel de l’inflation. Selon la dernière projection, l’inflation en variation mensuelle en février devrait être d’ampleur similaire à celle du mois de janvier. Si c’est le cas, ce n’est pas très encourageant. Il sera difficile de passer d’une anticipation de hausse de taux comprise entre 25 et 50 points de base et le statu quo (prévision de Goldman Sachs). Nous ne disons pas que l’affaire SVB ne soulève pas un problème structurel qui est lié à une mauvaise allocation du capital dans des poches moins voire pas du tout régulée de l’économie (le private equity est le parfait exemple). En période de hausse de taux, ça devient difficile pour ces compartiments de marché. En revanche, il convient de garder raison et de ne pas paniquer. Aujourd’hui, tout semble indiquer qu’il n’y a pas d’effet systémique et que la réaction rapide des autorités américaines et britanniques (la rapidité, c’est toujours un élément crucial dans ces situations) a permis de rassurer un peu.
- Il n’y avait aucune statistique importante hier.
- C’est suffisamment rare pour le souligner : il n’y a que trois matières premières qui sont survendues en ce moment, à savoir le blé, l’argent et le gaz naturel. Le cours de ce dernier évolue à un niveau inférieur de 66% à sa moyenne mobile à 200 jours, par exemple. Généralement, c’est le signal qu’un rebond important des cours peut survenir à moyen terme. Il faudra certainement attendre que la question de la reconstitution des stocks se pose à partir de cet été pour avoir un rebond des cours du gaz naturel. En revanche, il est probable que les cours de l’argent et du blé, qui est actuellement à un plus bas d’un an sur le marché européen, repartent à la hausse plus rapidement que prévu. Dans les deux cas, le rebond attendu pourrait s’expliquer à la fois par des facteurs techniques (repositionnement des spéculateurs après une période de vente extrême) et par l’accroissement de la demande chinoise. La Chine est revenue dans le jeu, ce qui perturbe déjà certains segments de marché (la hausse des achats chinois a propulsé l’orge au même prix que le blé alors qu’il y a en général une décote de 20 euros). Point d’attention pour le blé à court terme : le renouvellement ou pas de l’accord sur le corridor agricole maritime entre Kiev et Moscou qui arrive à expiration le 18 mars prochain.
La saison des résultats continue avec cette semaine Volkswagen, BMW, Abode et FedEx (parmi les entreprises cotées que nous suivons de près). Concernant le secteur automobile, l’attention va se porter sur la production de véhicules électriques. Il semble que Volkswagen rencontre de sérieuses difficultés pour maintenir un rythme de production élevé qui lui permette de concurrencer Tesla et les constructeurs automobiles chinois. Les analystes s’attendent à une croissance du chiffre d’affaires pour 2023 de 2% - ce qui est peu. A noter également que Foxconn et Generali publient leurs résultats aujourd’hui également.
L’inflation américaine est au rendez-vous. Nous en avons déjà parlé en introduction. Evidemment, le marché va être aussi attentif à la réunion de la Banque Centrale Européenne (BCE) en fin de semaine. L’enjeu de la réunion n’est pas de savoir de combien sera la hausse des taux (ce sera de 50 points de base à 3%). L’enjeu consiste à savoir ce qui va advenir par la suite. Voici notre scénario central : la BCE ouvre la porte à une nouvelle hausse de taux en mai prochain de 50 points de base mais ne s’engage pas pour la suite (data-dependent monetary policy). Les paris sont ouverts ! Enfin, vendredi, la dernière estimation de l’indice des prix à la consommation en zone euro en février sera publiée. Aucun écart n’est prévu par rapport à l’estimation précédente (8,5% sur un an et 5,6% pour l’inflation sous-jacente qui exclut les produits les plus volatils). Dans ces circonstances, il ne devrait pas y avoir un réel impact sur le marché.
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