Pas de raison de s’affoler
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Le marché boursier consolide, mais le VIX reste globalement très bas. C’est le signe que la consolidation à l’œuvre pourrait être de courte durée. Il est évident que les forces de résistance sont encore nombreuses (sinon le CAC 40 aurait beaucoup plus chuté après les évènements en Russie). A plus long terme, on peut toutefois s’interroger sur la pérennité de la tendance de fond haussière. Le marché va devoir gérer l’incertitude au niveau de l’inflation (il y a de nombreux signaux contraires et notamment – surprise – le risque de déflation qui ressurgit). En outre, le plus gros défi du point de vue des marchés actions va être de savoir si les attentes très élevées portant sur l’intelligence artificielle (c’est la thématique qui a porté les actions depuis le début de l’année) vont pouvoir être atteintes. Nous en doutons. Soit la bourse va trouver une nouvelle thématique d’investissement à la rentrée (ce qui est tout à fait possible), soit le retour sur terre va être difficile concernant l’intelligence artificielle. Mais tout ceci se pose pour la rentrée prochaine. D’ici là, l’analyse technique et les fondamentaux restent plutôt positifs.
- Il n’y avait pas beaucoup de statistiques hier. Mais il y avait une bonne nouvelle sur le front de l’inflation en provenance d’Espagne. Les prix à la production, qui sont un indicateur avancé des prix à la consommation, se sont effondrés à -6,9% sur un an. C’est nettement plus que ce qui était attendu par le consensus (-4,5%). Cela semble indiquer que les pressions inflationnistes refluent pour le moment. Il convient toutefois de ne pas crier victoire puisqu’on sait que l’inflation est très volatile, par nature.
- Sur le plan climatique, le mois de juin s’annonce comme un ovni statistique à l’échelle du monde. Et c’est une mauvaise nouvelle pour les matières premières agricoles (exemple : les céréales en Chine qui font face à une sécheresse sans précédent). Ce mois est de loin le plus chaud jamais enregistré, c’est celui où on observe la plus importante anomalie thermique marine mondiale et c’est également celui où l’écart de la banquise antarctique est la plus basse. Le réchauffement des océans qui est à l’œuvre devrait a priori accroître les phénomènes climatiques extrêmes, en particulier les ouragans tropicaux. C’est clairement une mauvaise nouvelle alors que nous sommes en pleine saison des récoltes dans beaucoup de régions. A surveiller.
- Sur les marchés actions, le VIX continue de chuter (ce qui est anormal étant donné le niveau de risques existants). On continue de se tenir à l’écart du marché actions chinois (en dépit de ce que mettent en avant certains gérants). En termes de performance, la Chine est en négatif depuis le début de l’année. C’est même pire si on prend en compte l’effet du recul du yuan contre l’euro. Même si les grandes valeurs chinoises sont sous-valorisées, ce n’est certainement pas le bon moment pour revenir sur ce compartiment de marché. A Paris, les déboires de SES Imagotag continuent (groupe spécialisé dans les étiquettes électroniques). C’est très difficile d’avoir une opinion concernant le rapport de Gotham (fonds activitste). Quatre faits sont reprochés à l’entreprise française : 1) Il y a des ventes avec l’actionnaire BOE (groupe industriel chinois) donc c’est un système circulaire ; 2) Les concurrents de SES vendent moins cher donc ce n’est pas possible qu’ils vendent plus cher ; 3) Ils extrapolent le prix moyen des étiquettes pour en déduire que le contrat avec Walmart (géant de la grande distribution aux Etats-Unis) est déficitaire et 4) Le FCF (free cash flow) est négatif donc la société n’est pas rentable. Ce sont des éléments dont on peut clairement débattre. Une chose est toutefois certaine, c’est très difficile pour une entreprise cotée de se remettre après l’attaque d’un fonds short. C’est même quasiment impossible. On reste, évidemment, à l’écart du dossier puisqu’il n’y a strictement aucune visibilité. Enfin, sur le compartiment des petites valeurs, ça continue de bouger. Le groupe Touax (location de matériel de transport durable pour les entreprises) en très nettement sous-valorisé avec une décote de plus de 60% par rapport à son actif net. Avant de se précipiter, il faut attendre pour voir si les flux reviennent réellement vers ce compartiment de marché. C’est le cas depuis quelques semaines mais il est encore trop tôt pour savoir si le mouvement est durable.
Les statistiques sont au rendez-vous mais il y a peu de market movers aujourd’hui. Aux Etats-Unis, les commandes de biens durables (mois de mai) et la confiance du consommateur du Conference Board (mois de juin) vont être publiées. La confiance du consommateur est certainement la donnée la plus importante. Le consensus des analystes prévoit une hausse à 103,7 contre 102,3 en mai. C’est plutôt une bonne nouvelle. A noter que Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, doit s’exprimer au forum de Sintra (au Portugal). Rien à attendre.
C’est plutôt très calme au niveau des résultats d’entreprises avec seulement Walgreens Boots Alliance (chaîne de pharmacies basée aux Etats-Unis) et Alimentation Couche-Tard (secteur de l’accommodation).
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