Pipeline d'inflation
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
C’est un parfait cocktail de risques pour le marché. La Chine se referme de nouveau à cause de la Covid, les pénuries s’accentuent (il n’y a plus que 10 semaines de réserves de céréales au niveau mondial), l’inflation continue son envolée (l’indice des prix à la consommation va franchir la barre des 10% aux Etats-Unis) et la consommation commence à flancher dans plusieurs pays (Royaume-Uni, par exemple). Il n’y a qu’un pas pour considérer que l’entrée en récession n’est plus qu’une question de mois (pour les plus pessimistes) ou de trimestres (pour les plus optimistes). La publication de la première estimation de l’indice des prix à la production (IPP) aux Etats-Unis en mai va constituer un nouveau coup dur pour les marchés financiers. Le consensus des analystes s’attend à ce que les prix restent élevés (10,9% sur un an contre 11,0% en avril). Nous n’excluons pas que l’indice ressorte supérieur aux attentes. Dans tous les cas, cela montre bien que le pipeline d’inflation qui va se déverser à court-terme dans le circuit économique est élevé. C’est pour cela que l’IPP est un indicateur important. Il permet de savoir ce que les industriels vont répercuter sur les consommateurs. Il n’y a aucune raison d’être optimiste, à court terme.
- Il y avait peu de statistiques hier. Au mois d’avril, le PIB britannique s’est contracté de 0,3%. C’est une mauvaise surprise. Le consensus des analystes anticipait une hausse de 0,2% (en lien avec la levée de toutes les obligations sanitaires) après une contre-performance de -0,1% en mars. La baisse de l’activité s’explique en partie par le retrait plus rapide outre-Manche de toutes les mesures de soutien étatique que dans les autres pays du G7 (par exemple en France et en Allemagne). Il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour la Banque d’Angleterre qui doit remonter les taux pour combattre l’inflation (ce qui risque de comprimer encore davantage la consommation). Nous tablons toujours sur une hausse du taux directeur de 25 points de base, ce jeudi. Mais il faudra certainement que le gouvernement britannique revoit sa feuille de route et soit plus ambitieux sur les mesures de soutien aux ménages s’il souhaite éviter une récession provoquée par un effondrement de la consommation.
- Les dernières anticipations du marché monétaire sur le processus de durcissement de la politique monétaire garantissent une récession de l’économie mondiale. Sur la période fin 2021 à fin 2024, le consensus prévoit une hausse de 373 points de base en Australie, de 342 points de base en Nouvelle-Zélande, de 306 points de base aux Etats-Unis et de 271 points de base en zone euro, par exemple. Même le Japon n’est pas épargné avec une hausse attendue de 22 points de base (non pas pour combattre l’inflation mais pour soutenir le taux de change du yen qui ne cesse de dégringoler). Il ne s’agit évidemment que de prévisions, qui sont susceptibles de fortement évoluer en fonction des indicateurs macroéconomiques et de la communication des banques centrales. Mais cela souligne clairement que le marché ne prévoit pas une sortie rapide de l’inflation (sinon il n’y aurait pas la nécessité d’être aussi agressif dans le processus de durcissement monétaire).
- Après l’Espagne et le Portugal, la canicule frappe la France cette semaine. Selon les experts, les 40°C semblent acquis. Reste à voir leur étendue, maintenant. Il est toutefois beaucoup trop précoce pour confirmer les 41 à 46°C vus par quelques scénarios de modèles bruts. Le changement climatique, c’est une réalité (clin d’œil à notre ami Alain Pitous qui nous a alertés depuis des années sur le sujet).
Isabel Schnabel (BCE) s’exprime aujourd’hui à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son propos devrait porter sur la politique monétaire et comporter de précieuses références au processus de durcissement monétaire enclenché en zone euro (et effectif à partir de fin juillet). En outre, le processus des primaires commence dans plusieurs Etats américains aujourd’hui (Maine, Nevada, Caroline du Sud et Dakota du Nord) dans le cadre des midterms de 2022. Une élection anticipée est prévue dans le 34ème district du Texas afin de remplacer le représentant démocrate Filemon qui a démissionné pour rejoindre un cabinet d’avocats.
Les résultats d’entreprises continuent avec DiDi Global (plateforme technologique de mobilité en Chine), Ferguson (distribution de produits sanitaires) et Ashtead (location d’équipements industriels).
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