Vous avez dit ?
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Résumé: Il semble que toutes les mauvaises nouvelles soient désormais intégrées dans les cours du CAC 40.
Le marché continue tranquillement sa remontée. Les bons chiffres de l’emploi américain ouvrent la porte à une hausse des taux par la Réserve Fédérale américaine de l’ordre de 50 points de base en mai prochain. Le marché ne s’inquiète pas du durcissement des conditions financières qui va en résulter. Le marché ne s’inquiète pas non plus de la forte envolée de l’inflation à des niveaux qui n’ont pas été connus depuis plusieurs décennies, parfois. Enfin, la guerre en Ukraine soulève de temps en temps un léger intérêt (surtout quand il est question de règlement prochain du conflit). Mais la réalité c’est que les investisseurs sont déjà passés à autre chose. Il semble que toutes les mauvaises nouvelles soient désormais intégrées dans les cours du CAC 40. On peut donc espérer que la reprise boursière se poursuive, au moins à court terme.
- Aux Etats-Unis, la courbe des taux pour le 2 ans/10 ans s’est de nouveau inversée. Cela a fait suite à la publication d’un rapport sur l’emploi américain en mars jugé unanimement positif. Le taux de chômage a chuté à 3,6% contre 3,8% en février. En outre, le salaire horaire moyen a continué de progresser, à 5,6% sur un an. L’inversion de la courbe des taux traduit surtout les anticipations d’accélération du processus de normalisation de la politique monétaire aux Etats-Unis. Ce n’est pas un bon indicateur pour juger de l’imminence d’une récession, selon nous. En zone euro, l’équation de la politique monétaire se complexifie un peu. Tous les chiffres d’inflation pour le mois de mars ont désormais été publiés. Il y a une forte dispersion au sein de l’Union. Dans certains pays, elle culmine au-delà de 10% sur un an (15.6% en Lituanie, par exemple). Dans d’autres, elle est comparativement contenue (4,6% à Malte, 5,1% en France). Dans la zone euro, l’inflation atteint en moyenne 7,5% sur un an. Il est difficile de savoir comment la Banque Centrale Européenne va réagir, à court terme.
- Les introductions en bourse réservent rarement de bonnes surprises à moyen terme. En témoigne la dégringolade de l’action Spartoo (site spécialisé dans la vente en ligne de chaussures et de prêt-à-porter). Lors de son introduction en juillet, le prix était de 6,53 euros. Aujourd’hui, l’action ne vaut plus que 2,10 euros. La baisse est de 66% sur six mois. C’est énorme. C’est en partie liée aux conditions de marché (repli sur les valeurs plus liquides à partir du mois de février). Mais cela aussi reflète la difficulté des valeurs mid- et small-caps à fidéliser les investisseurs (la valorisation de Spartoo est de 38 millions d’euros). Beaucoup d’autres entreprises cotées font face aux mêmes défis. Mais certaines tireront leur épingle du jeu à long terme, comme Believe qui offre une solution digitale pour accompagner les artistes et les labels indépendants. Le titre est toujours en baisse par rapport à janvier. Mais le produit est excellent et le management compétent. C’est une valeur de long terme à détenir.
- Le WTI affiche un repli important sur la semaine écoulée (-12,05%). Il s’agit essentiellement de prises de bénéfice. Ajoutons à cela que le décret russe obligeant les nouveaux contrats d’approvisionnement en hydrocarbures à être réglés en RUB n’a eu aucun impact sur les cours du baril de pétrole. Les investisseurs ont compris qu’il s’agit 1) d’une décision technique et 2) d’un moyen de contrôler les oligarques en les obligeant à se délester de leurs devises étrangères (essentiellement EUR et USD). De notre point de vue, le WTI a de fortes chances de se stabiliser dans la zone des 100-110 USD dans les mois à venir. Le risque géopolitique est toujours présent. C’est un point d’attention. Mais ce qui va vraiment compter, c'est le sous-investissement chronique dans les infrastructures pétrolières. Ce facteur fait que le baril cher est un phénomène durable.
–Les négociations entre l’Ukraine et la Russie doivent se poursuivre cette semaine. Vous perdez votre temps si vous les suivez de près.
–Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, doit prendre la parole à 11h05 (heure de Paris) à l’occasion de la Stop Scams Conference qui vise à sensibiliser les consommateurs concernant les risques de fraude. Il est peu probable que beaucoup de détails concernant la politique monétaire à venir soient donnés. Ce serait pourtant bienvenu.
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