Trump 2.0 : Mode d'emploi - Les gagnants, les perdants et les implications pour les grandes entreprises technologiques
Charu Chanana
Responsable de la Stratégie Investissement
Points clés à surveiller
- Commerce : Introduction d’un droit de douane de 10 % pour tous les pays, avec un taux de 60 % pour certains pays spécifiques, et possible révocation du statut de Partenaire commercial permanent (PNTR) de la Chine, en plus des subventions industrielles existantes.
- Fiscalité : Baisse des impôts sur le revenu et des impôts des sociétés, hausse des déductions personnelles, doublement des bénéfices rapatriés, et augmentation des droits de succession.
- Politique monétaire : Possibilité de nouvelles interventions influençant les politiques de la Réserve fédérale.
- Immigration : Renforcement des contrôles aux frontières, expulsion des immigrés illégaux et réduction des dépenses consacrées à l’immigration.
- Politique étrangère : Efforts de négociation avec la Russie et l’Ukraine, durcissement des pressions sur l’Iran et réduction de la participation aux organisations multilatérales.
Les gagnants potentiels sous Trump 2.0
- Énergie : La déréglementation et un accent sur l’indépendance énergétique pourraient soutenir les secteurs traditionnels, favorisant les actions des entreprises pétrolières et gazières. Cependant, la volatilité des prix du pétrole persisterait, avec une baisse potentielle due aux risques liés à l’offre américaine, mais contrebalancée par la probabilité accrue de sanctions plus sévères contre l’Iran et d’un ralentissement des baisses de taux de la Fed.
- Banques : Les institutions financières pourraient profiter de la hausse des rendements et de la déréglementation, ce qui améliorerait les marges d’intérêt nettes et la rentabilité. Les risques de reflation constituent également un soutien au secteur bancaire.
- Défense : L’augmentation des dépenses de défense pourrait bénéficier aux entreprises du secteur, avec une intensification probable des tensions géopolitiques.
- Petites capitalisations : Les politiques de soutien à l’économie nationale et les baisses d’impôts devraient favoriser la croissance des secteurs centrés sur le marché intérieur, soutenant les petites capitalisations.
- Or : En tant que valeur refuge et protection contre l’inflation, l’or pourrait se valoriser dans un contexte de frictions commerciales et de risques de stagflation. Toutefois, un dollar fort et un ralentissement des baisses de taux par le FOMC pourraient limiter ces gains.
Les perdants potentiels sous Trump 2.0
- Actions de la Chine et de Hong Kong : Les tarifs douaniers et les tensions géopolitiques risquent de maintenir une pression baissière sur ces marchés, avec un redéploiement probable des capitaux vers des régions comme l’Inde et le Japon.
- Consommation discrétionnaire : La hausse des coûts d’importation due aux tarifs douaniers pourrait freiner les dépenses des ménages, affectant ainsi les secteurs liés à la consommation.
- Énergies renouvelables et véhicules électriques : Les politiques privilégiant les énergies traditionnelles pourraient nuire aux industries des énergies renouvelables, des véhicules électriques et des batteries, qui dépendent des subventions publiques.
- Europe : Les tensions commerciales pourraient peser sur les marchés européens, notamment dans des économies exportatrices comme l’Allemagne, particulièrement exposée.
Impact de Trump 2.0 sur les grandes entreprises technologiques
- Déréglementation, un avantage potentiel : L’engagement de Trump à réduire les « réglementations inutiles » sur l’IA pourrait être favorable aux initiatives des grandes entreprises technologiques en matière d’intelligence artificielle, réduisant les coûts de conformité et stimulant l’innovation. Les entreprises disposant de centres de données pourraient bénéficier d’un soutien accru si la capacité énergétique est augmentée pour soutenir le développement de l’IA, favorisant ainsi les actions liées aux infrastructures de données.
- Tarifs douaniers, un obstacle potentiel : Le nationalisme économique et la préférence pour l’autosuffisance pourraient nuire aux multinationales de la technologie. Le remplacement des subventions de la loi CHIPS par des droits de douane sur les composants importés pourrait inciter les entreprises technologiques à rapatrier leur production, en particulier dans le secteur des semi-conducteurs. Sans ces subventions, les tarifs élevés pourraient augmenter les coûts et perturber les chaînes d’approvisionnement, nuisant ainsi à la rentabilité et à la compétitivité des entreprises dépendant des réseaux mondiaux.
Cas particuliers des grandes entreprises technologiques sous Trump 2.0
- Tesla : La proximité d’Elon Musk avec le gouvernement pourrait conférer à Tesla des avantages réglementaires et contractuels, bien que cette influence puisse être perçue comme problématique si les politiques semblent trop favorables à Tesla.
- Meta : La relation historiquement conflictuelle entre Trump et Mark Zuckerberg pourrait affecter la position de Meta. Une éventuelle levée de l’interdiction de TikTok pourrait intensifier la concurrence pour l’engagement des utilisateurs, en plus des menaces posées par des plateformes comme Truth Social ou X d’Elon Musk.
- Apple : Très dépendante de la Chine pour la production de l’iPhone, Apple pourrait voir ses coûts augmenter et sa chaîne d’approvisionnement perturbée par des tarifs douaniers, réduisant ainsi sa rentabilité.
- Alphabet : Le principal risque pour Alphabet réside dans les politiques antitrust potentielles. Bien qu’une administration Trump n’ait pas clarifié sa position sur la réglementation antitrust des grandes entreprises technologiques, un examen approfondi pourrait affecter le modèle économique et la stratégie de croissance à long terme d’Alphabet.
- Nvidia : Nvidia pourrait profiter de la demande croissante pour les infrastructures de l’IA si la déréglementation et l’expansion des capacités énergétiques se concrétisent, stimulant la croissance des centres de données et maintenant son leadership dans le domaine des puces pour IA. Les politiques de Trump vis-à-vis de Taïwan et leur impact sur TSMC, principal fournisseur de Nvidia, seront également des éléments déterminants.
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