Résultats du T1 d’Intel : des pertes douloureuses qui annoncent un chemin semé d’embûches

Jacob Falkencrone
Responsable de la Stratégie d’Investissement
Cet article est à but marketing
Points clés :
Intel fait face à d’importants défis à court terme, entre droits de douane et prévisions de demande en berne, nécessitant des réformes structurelles profondes.
La compétitivité dans l’IA est cruciale : Intel doit innover rapidement pour rattraper son retard face à des rivaux comme Nvidia, sous peine de déclin durable.
Les investisseurs doivent rester prudents, en surveillant de près la restructuration, les effets des droits de douane et les avancées dans l’IA pour détecter les signes d’un éventuel redressement.
Ce contenu est à visée marketing.
Résultats trimestriels d’Intel : des pertes douloureuses qui annoncent un chemin semé d’embûches
Le dernier rapport de résultats d’Intel révèle un géant des semi-conducteurs pris dans des eaux agitées. Alors que son nouveau PDG, Lip-Bu Tan, prend les commandes en pleine tempête — licenciements, droits de douane et concurrence exacerbée — les investisseurs doivent naviguer avec prudence, à la recherche de signes de stabilité… ou de turbulences accrues.
Un sursaut sous la grisaille
Intel a annoncé un chiffre d’affaires de 12,7 milliards de dollars au premier trimestre, légèrement au-dessus des prévisions des analystes (12,3 Mds $). Le bénéfice ajusté par action atteint 13 cents, dépassant largement le cent attendu.
Mais cette lueur d’espoir ne suffit pas à masquer les fissures profondes : Intel enregistre une lourde perte nette de 821 millions de dollars, sa cinquième perte trimestrielle consécutive — du jamais vu depuis plus de 30 ans.
Et l’avenir immédiat s’annonce tout aussi sombre : pour le deuxième trimestre, Intel anticipe un chiffre d’affaires compris entre 11,2 et 12,4 milliards de dollars, bien en dessous des attentes (près de 12,8 Mds $), avec des bénéfices proches de zéro.
Droits de douane et guerre commerciale : la tempête parfaite
Derrière ces chiffres décevants, plane l’ombre des droits de douane imposés sous l’administration Trump. Le directeur financier d’Intel, David Zinsner, ne mâche pas ses mots :
« Des politiques commerciales imprévisibles et des droits de douane croissants augmentent sérieusement le risque de récession. »
Cette incertitude a incité certains clients à constituer des stocks anticipés, gonflant artificiellement les ventes du premier trimestre — mais au prix probable d’une chute de la demande à venir.
Pour les investisseurs, c’est un point de vigilance majeur. Car les droits de douane ne font pas que renchérir les prix : ils freinent l’investissement, ralentissent les achats de matériel informatique, et donc réduisent la demande en puces électroniques. Une sérieuse force contraire à laquelle Intel devra résister.
Un nouveau capitaine aux commandes : Lip-Bu Tan face à la réalité
Nommé PDG le mois dernier, Lip-Bu Tan a annoncé d’emblée la couleur :
« Il n’y a clairement pas de solution miracle. Restez à l’écoute. »
Son plan de redressement repose sur des réformes structurelles profondes et douloureuses : suppressions de postes, simplification des niveaux hiérarchiques, et réduction drastique des dépenses.
Il n’hésite pas à critiquer la culture interne héritée :
« Une bureaucratie étouffante freine l’innovation… Les idées doivent pouvoir respirer à nouveau. »
Les dépenses d’exploitation seront réduites de 500 millions de dollars cette année (objectif : 17 Mds $), puis ramenées à 16 milliards l’an prochain. Les investissements en capital seront eux aussi revus à la baisse, passant de 20 à 18 milliards de dollars, freinant les ambitions de nouvelles usines.
Mais attention : trop de coupes pourraient compromettre l’avenir. À l’inverse, des réductions insuffisantes risquent de laisser Intel en difficulté face à la tempête.
L’IA, talon d’Achille d’Intel ?
Le vrai défi à long terme, c’est l’intelligence artificielle. Alors que Nvidia domine le marché, les puces IA "Gaudi" d’Intel peinent à convaincre.
Son activité data centers — cœur névralgique pour l’IA — a certes progressé de 8 % ce trimestre, mais certains y voient un effet artificiel lié aux achats de précaution dus aux droits de douane.
Pour combler ce retard, Intel a nommé Sachin Katti au poste de Chief Technology Officer, avec la mission urgente de relancer la stratégie IA.
Pour les investisseurs, l’équation est simple : Intel doit sortir rapidement des produits IA compétitifs, sans quoi il risque de rester hors course dans le marché de demain.
Intel : rester à bord ou abandonner le navire ?
L’action Intel a perdu près de 64 % de sa valeur en cinq ans, loin derrière ses concurrents Nvidia et AMD. Malgré un léger rebond cette année, l’incertitude reste forte.
Trois indicateurs clés à surveiller :
Impact des droits de douane : tout apaisement des tensions entre les États-Unis et la Chine serait un soulagement pour Intel. Une aggravation, en revanche, serait un coup dur.
Feuille de route IA : Intel doit impérativement lancer des puces IA concurrentielles. Tout retard accentuera l’écart avec les leaders du marché.
Avancée de la restructuration : les économies doivent se traduire par des gains d’efficacité réels, et non par un soulagement temporaire. La capacité d’Intel à retrouver une dynamique d’innovation sera cruciale.
Un géant à la dérive… mais encore debout
Aujourd’hui, Intel ressemble à un navire de guerre pris dans la tempête : la coque fuit, les voiles sont déchirées par les droits de douane, et le gouvernail a été malmené par des erreurs stratégiques. Pourtant, un nouveau capitaine et des décisions courageuses permettent d’espérer un redressement.
Les investisseurs devront faire preuve de vigilance, de patience, et de réactivité. Pas besoin d’abandonner le navire… mais il faut être prêt à agir vite si les eaux se déchaînent à nouveau.
Comme le résume justement le PDG :
« Restez à l’écoute. »
Le chemin vers un retour au calme et à un ciel dégagé ne fait que commencer pour Intel.
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