Qu'attendre de la Réserve fédérale américaine le 19 mars ?

Saxo
1. Une Fed plus restrictive face à des pressions inflationnistes
Depuis l’élection de Donald Trump, la Réserve fédérale (Fed) adopte une position légèrement plus restrictive. Le Summary of Economic Projections (SEP) pourrait renforcer cette orientation, bien que Jerome Powell pourrait hésiter à ne prévoir qu’une seule baisse des taux pour 2025. L’enquête de l’Université du Michigan met en évidence des attentes d’inflation à long terme au plus haut depuis 1993, un indicateur qui pourrait peser sur les déclarations de la Fed. Par ailleurs, les indices PMI affichent de bons résultats, et l’inflation repasse sous la barre des 3 % (bien que toujours éloignée de l’objectif de 2 % fixé par Jerome Powell). En réaction, les marchés ajustent leurs attentes : les traders ont réduit leurs anticipations de baisses de taux de 15 points de base depuis la publication de ces chiffres, tandis que les conditions financières se sont resserrées.
2. Projections économiques et tensions sur les « dots plots »
Si les "dot plots" maintiennent une prévision de deux baisses de taux, cela pourrait sembler déconnecté des projections actualisées : une inflation PCE de base à 2,8 % (contre 2,5 % auparavant), une croissance du PIB à 1,7 % (contre 2,1 %), et un taux de chômage à 4,4 % (contre 4,3 %). Les données récentes (CPI, PPI, attentes d’inflation) soutiennent les positions "hawkish", plaidant pour une seule baisse de taux en 2025. Selon les dernières projections de la Fed, cinq membres se prononcent pour deux baisses de taux cette année, un chiffre qui pourrait orienter la décision finale. La projection clé pourrait être celle de Jerome Powell lui-même, qui devrait toutefois privilégier la prudence en maintenant sa prévision de deux baisses, inchangée par rapport à décembre, pour éviter de perturber les marchés.
3. Craintes de ralentissement et scénario alternatif
Bien que les statistiques d’activité ne signalent pas clairement une récession imminente, les craintes d’un ralentissement sont amplifiées par les déclarations de l’administration Trump et les indicateurs de sentiment, notamment la confiance des ménages mesurée par l’Université du Michigan, qui ressort à 57,9 contre 63 attendus. La Fed pourrait reconnaître une croissance moins optimiste et un risque significatif de ralentissement économique, ce qui pourrait se traduire par des "dot plots" prévoyant trois baisses de taux. Un tel scénario, qui n’est pas notre scénario de base, risquerait d’entraîner une très forte baisse des marchés actions et une hausse marquée de la volatilité.
Conclusion
En conclusion, une Fed qui opterait pour un message de stabilité en maintenant une prévision de deux baisses de taux, sans alimenter les craintes de récession, tout en continuant d’évaluer l’impact des tarifs sur l’inflation sans conclusion définitive à ce stade, pourrait créer un terrain propice à un rebond des marchés. La prudence dont Jerome Powell pourrait faire preuve lors de la conférence de presse face aux indicateurs de sentiment, associée à une annonce d’une possible fin anticipée du resserrement quantitatif (QT) et à une légère asymétrie haussière sur le marché des options, vient appuyer cette perspective.
D’un point de vue technique, le niveau de support à très court terme de 5600 points sur le S&P 500 jouera un rôle déterminant pour valider les premiers signes d’un rebond aux États-Unis. Par la suite, il sera nécessaire de se stabiliser au-dessus de la zone des 5670 points, ce qui permettrait au RSI de s’affranchir de la pression baissière, avec pour objectif les 5780 points, correspondant à la zone de retracement de Fibonacci et au contact de la moyenne mobile à long terme.