Gardons le sourire
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
C’est toujours très vert. L’optimisme du marché est évident. Il est alimenté toujours par les mêmes facteurs : réouverture de la Chine, repli très marqué de l’inflation (ce qui devrait être confirmé pour les Etats-Unis cet après-midi), révision à la hausse des perspectives de croissance pour la zone euro et la Chine par les économistes etc. Ce qu’on peut souligner c’est que le consensus de marché était jusqu’à présent certainement un peu trop pessimiste concernant l’année 2023. Selon nous, ce sera une année avec aucun évènement extrême, une conjoncture économique plus résistante que prévu et une performance boursière honorable. L’inflation restera un sujet, mais certainement plus prégnant au deuxième semestre qu’au premier (en fonction de l’ampleur de la réouverture chinoise ce qui aura un effet immédiat sur la demande en énergie). Pour résumer, nous sommes plutôt optimistes.
- Il n’y avait pas d’indicateurs macroéconomiques de première importance hier. Les médias officiels chinois ont simplement laissé entendre que la banque centrale pourrait de nouveau baisser le taux de réserve obligatoire des banques (c’est le moyen préféré en Chine pour stimuler le crédit). Le timing est incertain. Mais c’est une évidence que cela va se produire.
- La crise économique devrait être moins grave que prévu. Mais certains secteurs sont plus exposés que d’autres. Au niveau du non coté, on observe de plus en plus de sociétés, qui souhaitent préserver leur cash, proposer de convertir des salaires et bonus en actions. En bourse, les difficultés sont aussi présentes, mais plutôt au niveau des petites et moyennes valeurs. Elles commencent à avoir de sérieux problèmes de financement ce qui devrait accentuer le recours aux financements dilutifs. Nous pensons notamment que beaucoup d’entreprises vont opter pour les obligations convertibles (c’est souvent une mauvaise solution pour le titre car le prêteur généralement vend dans la foulée les actions qu’il obtient en échange de la ligne de financement octroyée). Beaucoup de sociétés positionnées sur le créneau des énergies renouvelables pourraient être mises en difficulté, en particulier. Enfin, il y a aussi les opportunistes. Envisageant le pire, certaines sociétés en profitent pour réduire au maximum les coûts afin d’accroître leur rentabilité. Mais cela se fait souvent au détriment du capital humain. Ce qui est certain c’est que l’année 2023 va permettre de faire le tri entre les bons et les mauvais élèves (c’est une sorte de continuation de la reprise en K).
- En parlant de bons élèves, l’entreprise de fashion Uniqlo a annoncé une hausse de salaire de 40% (oui ! vous avez bien lu) pour ses employés à temps plein au Japon et une hausse de salaire de 17% pour les nouveaux employés. C’est énorme quand on pense que l’inflation dans l’archipel est loin d’être à ces niveaux (autour de 4%). Pendant très longtemps, les autorités japonaises ont cherché à inciter les entreprises à sensiblement augmenter les salaires afin de sortir de la déflation. Elles commencent à le faire…mais au pire moment puisque l’inflation augmente déjà du fait de l’énergie et est certainement ancrée durablement au-dessus de la cible de 2% de la banque centrale. C’est ironique.
Du côté des entreprises, c’est plutôt calme pour la session européenne. La saison des résultats commence réellement demain avec les valeurs bancaires américaines : Bank of New York Mellon, Bank of America, JPMorgan Chase, Wells Fargo, Citigroup, BlackRock et First Republic (c'est une banque surtout présente en Californie, dans l’Oregon et à New York).
L’inflation américaine est le point d’attention majeur du marché. Les économistes prévoient que l’indice des prix à la consommation atteigne 6,5% sur un an en décembre contre 7,1% en novembre (sous l’effet du repli de l’énergie, en particulier). L’inflation sous-jacente est prévue à 5,7% sur un an contre 6,0% en novembre et une pointe à 6,6% en septembre. Nous pensons que nous pourrions avoir une bonne surprise avec un repli plus accentué que prévu de l’inflation (indice des prix à la consommation à 6,3% sur un an). La publication de l’inflation américaine a été synonyme ces derniers mois de regain de la volatilité sur les actions. Ce sera encore une fois le cas, selon nous. Si l’inflation continue de refluer (et en tenant compte de la baisse de la pression haussière au niveau des salaires), cela va renforcer les attentes de ralentissement du rythme de durcissement monétaire. La Fed, qui se réunitle 1erfévrierprochain, pourrait augmenter ses taux de seulement 25 points de base (ce qui ne remet pas en question l’objectif d’un taux terminal légèrement supérieur à 5%).
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