Grande messe bruxelloise
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Les ministres de l’Energie de l’Union Européenne se réunissent aujourd’hui pour essayer d’endiguer la crise énergétique. En amont de cette rencontre, la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen a proposé cinq mesures radicales pour faire baisser à la fois les prix et la demande : 1) favoriser les économies d’électricité en mettant en place des objectifs obligatoires à atteindre afin de réduire la demande pendant les pics de consommation ; 2) limiter les profits des producteurs d’électricité à bas coût (éolien et solaire entre autres) afin qu’ils soient alloués au soutien des ménages et aux entreprises les plus vulnérables ; 3) taxe spéciale (appelée pudiquement ‘contribution’) applicable aux principales entreprises du secteur des énergies fossiles ; 4) mesures de liquidité à l’attention des acteurs du secteur de l’électricité afin de faire face à la baisse de la liquidité et à l’accroissement de la volatilité sur les marchés de gros ; et 5) plafonnement du prix du gaz russe (en tout cas sur les faibles flux qui arrivent encore en Europe). De telles mesures pourraient permettre d’éviter que les prix ne montent encore plus haut. Ils pourraient aussi empêcher qu’une crise de liquidité sur le marché de l’électricité ne se transforme en crise financière. Nous doutons toutefois que ce soit suffisant pour passer l’hiver tranquillement.
- Les banques centrales continuent de durcir leur politique monétaire. La Banque Centrale Européenne (BCE) a augmenté son taux directeur de 75 points de base, comme prévu. C’était inimaginable il y a seulement quelques mois de cela. Cela souligne à quel point la banque centrale est certainement inquiète concernant la trajectoire de l’inflation. D’ailleurs, elle a révisé à la hausse sa prévision pour cette année, qui passe à 8,1% contre 6,8% précédemment. C’est massif. En outre, en 2024, l’inflation ne devrait toujours pas être sous la cible de la BCE (prévision à 2,3%). La hausse significative du taux directeur ne fût toutefois pas suffisante pour soutenir l’euro (le taux de change faible de l’euro représente un vrai casse-tête pour la BCE puisque cela accentue l’inflation importée). Tant que la crise énergétique européenne va perdurer (et c’est a minima une question de trimestres voire plus), la monnaie unique devrait continuer d’être sous-évaluée face au dollar américain. Nous tablons désormais sur une nouvelle hausse de taux de 50 points de base par la BCE en octobre prochain. Du côté des Etats-Unis, nous nous orientons vers une hausse du taux directeur de 75 points de base en septembre (comme l’a laissé entendre un récent article du Wall Street Journal).
- Outre-Manche, le nouveau Premier ministre britannique, Liz Truss a dévoilé un plan anti-inflation hier. Parmi les principales mesures : limite sur les factures d’énergie à 2500 GBP par mois pendant deux ans, mécanisme de fourniture de liquidité aux entreprises énergétiques pour un montant de 40 milliards GBP, déploiement massif d’énergie renouvelable, engagement à atteindre la neutralité carbone en 2050. Le montant total du plan n’a pas été dévoilé. Aucune estimation n’a été faite par le gouvernement ce qui traduit surtout une forte incertitude concernant la trajectoire de l’économie dans les mois à venir. Selon nous, cela pourrait coûter au moins 150 milliards GBP. En revanche, le gouvernement estime que grâce à ces différentes mesures le pic d’inflation pourrait être 4% voire 5% inférieur aux estimations initiales (il pourrait être initialement compris entre 13% et 18% sans cette intervention étatique).
- Sur le segment des small-caps (petite capitalisation), Invibes Advertising connaît une semaine difficile (baisse de 12,8% du cours de l’action en l’espace de cinq séances). Le groupe est spécialisé dans l’innovation publicitaire numérique. Il a développé une plateforme technologique intégrée conçue pour renforcer la relation entre les marques et les consommateurs grâce aux publicités in-feed. La sanction du marché (à court terme) s’explique principalement par la dégradation annoncée de la rentabilité. Mais c’est pour une bonne raison. Le groupe a entrepris de lourds investissements pour accélérer son développement commercial et préparer l’avenir. Ce n’est certainement pas une valeur à l’achat à l’heure actuelle (le contexte est difficile sur ce segment de marché). C’est toutefois une entreprise à surveiller. Le titre est peu liquide (57 millions de capitalisation).
Aucune statistique majeure aujourd’hui.
Les résultats d’entreprises continuent avec Dollar Stores (chaîne de grande distribution à bas prix) et Kroge (grande distribution aux Etats-Unis).
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