La Russie envahit l’Ukraine - Les éléments sur lesquels nous devons nous concentrer à l’avenir

La Russie envahit l’Ukraine - Les éléments sur lesquels nous devons nous concentrer à l’avenir

Investissement
Steen Jakobsen

Directeur des investissements

Relevé:  L’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu d’importantes répercussions immédiates pour les marchés mondiaux. La situation change constamment et nous pourrions assister à pratiquement tout type d’évènements, mais j’essaie de prévoir les prochaines évolutions qui, pour les investisseurs mondiaux, reposeront principalement sur de nouvelles sanctions et l’ampleur de leur impact.


Peu avant 6h du matin (heure de Moscou), Vladimir Poutine a annoncé à la télévision (dans ce qui semblait être un discours enregistré) au monde entier qu’une « opération spéciale » se déroulait dans la région du Donbass en Ukraine. À son tour, l’Ukraine a déclaré que la Russie avait lancé une invasion totale du pays, avec des attaques par missiles sur des installations militaires dans plusieurs villes et des signalements de mouvements de troupes depuis la Crimée et la Biélorussie.

Source : Financial Times

Un bref aperçu de l’ampleur immédiate de la réaction dans un contexte où le baril de Brent se vend bien au-delà des 100 $, où les actions sont en chute libre et où le cours du rouble russe a fortement baissé.

Source : Bloomberg

Voici quelques commentaires rapides sur les possibles évolutions à venir :

  • La réponse de l’OTAN : cette dernière escalade pourrait voir l’OTAN invoquer l’article 4, ce qui implique que l’alliance devra se mobiliser et accroître sa présence militaire dans les pays frontaliers de la Russie et de l’Ukraine. Nous n’osons pas nous prononcer sur les risques en présence, mais le danger s’intensifie.

  • La sévérité des sanctions La longue liste des sanctions prises par les pays occidentaux, qu’il s’agisse des États-Unis ou des pays de l’Union européenne, visaient à enfermer la Russie de diverses façons, mais n’ont jamais ciblé l’approvisionnement ou le prix actuels des matières premières, en particulier le pétrole et le gaz. Désormais, cela va changer : les puissances occidentales devront se faire mal si elles veulent affaiblir la Russie puisque les nouvelles sanctions affecteront probablement l’approvisionnement en matières premières et donc, le système financier russe et son accès au monde. Ces conséquences entraîneront à leur tour une inflation plus importante, tant à court qu’à moyen terme. La Russie exporte chaque mois des millions de tonnes de pétrole à l’ouest ainsi que de grandes quantités de gaz naturel. Le ralentissement de l’approvisionnement en gaz naturel durant l’hiver a déjà fait pas mal de dégâts, mais la situation pourrait empirer en cas de nouveau ralentissement de l’approvisionnement. Parmi les principaux pays européens, l’Allemagne et l’Italie seraient les plus durement touchés par des pénuries de gaz. La situation politique de l'UE mérite d'être surveillée, car l'UE a été beaucoup trop passive. L'Europe devra désormais agir avec force pour éviter de subir les répercussions d’un scénario d’urgence sur le plan énergétique. Il s’agit d’une situation extrême. Le prix du baril de Brent pourrait flamber pour atteindre entre 110 et 125 dollars, voire plus, d’ici la semaine prochaine, dans le cas où le conflit s’enliserait et prendrait de l’ampleur à cause des sanctions.

  • Risques pour les bénéfices des entreprises. Un nouveau pic des prix de l’énergie constitue un risque majeur pour l’activité économique et donc, pour les bénéfices des entreprises. L’heure n’est pas encore à la panique sur les marchés boursiers, mais la Réserve fédérale a déjà fortement insisté sur le besoin de resserrer la politique monétaire en novembre. Ses outils n’ont pas non plus une grande influence sur les pénuries, les ruptures d’approvisionnement et l’incertitude. Cela affecte l’humeur du marché, et surtout les bénéfices. Des diminutions sont donc probables. Les secteurs dont les actions adopteront une position défensive seront probablement l’énergie, les matières premières et la défense.

  • Les obligations présenteront un rendement à court terme inférieur, mais ne feront probablement pas office de valeur refuge comme à l’accoutumée, puisqu’une inflation plus élevée constituera un des effets secondaires de ce conflit.

  • La réunion du FOMC de mars : simplement une réaction proportionnelle à l’ampleur des dégâts sur les marchés. Cela signifie qu’il est toujours attendu que la Réserve fédérale procède presque à coup sûr à une hausse au mois de mars, mais elle ne le fera que si les marchés sont hors de contrôle.

  • Des sanctions personnelles contre Vladimir Poutine ? Nous verrons si les sanctions visent personnellement le président russe, ce qui constituerait une situation sans précédent et une attaque directe à la souveraineté de l’État selon certains (d’après des médias russes).

  • Quel est l’impact d’un pic ? Celui-ci est particulièrement difficile à évaluer, mais l’histoire moderne montre que les nouvelles « impulsions » négatives entraînent un risque de baisse des cours des actions de 5 % en moyenne. Cela implique que nous avons déjà couvert une grande partie des dégâts « par rapport à cette référence » ce matin, mais n’oubliez pas qu’il s’agit d’un scénario unique. Ce choc survient alors que le monde est déjà confronté à une inflation extrêmement élevée avant le conflit (l’indice des prix à la production de l’Allemagne était 25 % plus élevé par rapport à janvier 2021 !) et qu’à partir de cette situation, peu de voies mènent à une inflation moins importante.

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