Le monde de Narnia
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Il y aura encore des rebonds techniques dans les jours à venir. Mais la tendance de fond du marché est clairement à la baisse. Les principales zones de prix à surveiller sont situées à 5764 points et 5685 points (en cas de rupture du niveau de support précédent). Plusieurs valeurs sont fortement à la traîne (clairement décotées) et sont proches de leurs plus bas sur 52 semaines. C’est le cas par exemple d’Air Liquide, de Michelin, de Saint Gobain, de Capgemini ou encore de Bouygues. Il faudra être attentif au risque d’un krach obligataire (qui est évoqué par de plus en plus d’analystes mais pas encore certain) et au marché des changes qui vole en éclat (comme nous l’évoquions hier). Ce sont deux facteurs de risque qui vont évidemment avoir des conséquences évidentes sur la performance des indices.
- Le marché boursier est toujours compliqué. Mais certaines valeurs à un certain stade ne peuvent certainement pas chuter beaucoup plus que cela. C’est le cas par exemple de Reworld Media (leader français des médias thématiques) et de Nextedia (acteur important dans le domaine de la cybersécurité). Les deux entreprises ont perdu respectivement près de 30% et 20% depuis le début de l’année. En revanche, il faudra avoir les nerfs solides à court terme. En effet, il est probable que les grands indices boursiers mondiaux n’aient pas encore atteint leur point bas (en particulier le S&P 500 qui est le baromètre du marché). A noter aussi que la baisse des valeurs favorise sans surprise les opérations d’OPA (offres publiques d’achat). C’est le cas d’Atari (spécialiste des divertissements interactifs). L’OPA est amicale, elle est lancée par le PDG du groupe.
- Dans le cadre du débat parlementaire portant sur le budget 2023, Bercy a publié ses prévisions macroéconomiques pour 2022-23. C’est optimiste. Le ministère des Finances prévoit une hausse de l’investissement des ménages (ce qui correspond au logement) de 0,6 point sur 2022-23 en dépit d’une progression fulgurante de 250 points de base de l’OAT à 10 ans (qui est la référence pour les taux en France) et dans un contexte de stagnation du pouvoir d’achat (voire de diminution si le scénario de la récession se précise). On sait que le bouclage du budget est surtout un exercice de communication. Mais là, on atteint les limites. Il y a certainement un gros risque sur l’immobilier dans les mois à venir qui n’a pas été encore bien intégré dans les scénarios macroéconomiques du gouvernement mais également des principaux instituts de prévision. Si la bulle immobilière dans certaines zones éclate, il faut s’attendre à une récession plus importante que prévu l’an prochain (Barclays table sur une récession de baisse -0.7% l’an prochain, par exemple).
- L’Inde devient la nouvelle usine du monde. Hier, Apple a annoncé avoir commencé à fabriquer l’iPhone 14 en Inde plusieurs semaines avant la date prévue, ayant résolu les derniers problèmes se posant au niveau de la chaîne logistique. C’est significatif pour deux raisons. Premièrement, c’est le signe que la mondialisation n’est pas terminée. C’est déjà une très bonne nouvelle. Nous assistons simplement à une relocalisation des activités vers des pays plus attractifs. Deuxièmement, le « Made in India » devient enfin une réalité. L’industrialisation a commencé plus tard en Inde qu’en Chine (pour de nombreuses raisons). Par exemple, l’alphabétisation des adultes a atteint le seuil de 70% en Chine dans les années 1990 et seulement dans les années 2010 en Inde. Après des années d’efforts, l’Inde rattrape la Chine. Beaucoup d’entreprises internationales échaudées par la stratégie zéro Covid de la Chine ont décidé de diversifier davantage leurs chaînes d’approvisionnement. Cela bénéficie aussi au Vietnam (avec beaucoup de relocations d’activités manufacturières à haute valeur ajoutée de la Chine vers le pays d’Asie du Sud-Est).
Les banquiers centraux sont au rendez-vous aujourd’hui avec Christine Lagarde pour la Banque Centrale Européenne (9h15) et Jerome Powell pour la Réserve Fédérale américaine (16h15).
Les résultats d’entreprises continuent avec Paychex (solution de gestion des paies et des ressources humaines) et Cintas (production d’uniformes et de matériel de sécurité).
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